Il est presque inconcevable qu'un conducteur ivre responsable d'un décès puisse échapper à une peine de prison. Il est difficile de croire qu'en 2016, les conducteurs qui tuent s'en sortent pratiquement indemnes, grâce à diverses dispositions légales qui empêchent l'application de peines appropriées. Et pourtant, cela se produit encore dans tout le pays.
L'absence de sanctions appropriées pour les conducteurs en état d'ébriété ne représente pas seulement une énorme gifle pour les familles des victimes ; elle constitue également un grand danger pour nous tous, conducteurs et piétons, les auteurs de ces infractions pouvant facilement récidiver. Actuellement, la loi prévoit que les conducteurs qui ont causé un accident mortel ne peuvent être inculpés que s'il existe des preuves de conduite dangereuse. En l'absence de telles preuves, ils ne seront sanctionnés que pour avoir dépassé la limite autorisée. De nombreux conducteurs échappent totalement à la condamnation et sortent du tribunal avec une interdiction temporaire de conduire, ce qui signifie qu'ils peuvent reprendre la route en quelques mois.
L'enquête récente de Nextbase a révélé qu'au moins un tiers d'entre nous a admis avoir conduit en état d'ébriété à un moment ou à un autre ; le problème pourrait être plus répandu que nous ne le pensons. Il n'est pas nécessaire d'être un monstre pour causer accidentellement la mort d'une autre personne, il suffit d'un retard de quelques secondes dans notre vitesse de réaction, comme le fait l'alcool. Il semblerait que beaucoup d'entre nous ne soient pas conscients du danger qu'ils représentent pour eux-mêmes et pour les autres lorsqu'ils prennent le volant après avoir bu quelques verres au pub.
Bien que les conducteurs en état d'ébriété reconnus coupables d'avoir causé la mort par conduite dangereuse ou imprudente soient passibles d'une peine d'emprisonnement de 14 ans, aucun délinquant n'a été condamné à cette peine au cours des cinq dernières années. En fait, la peine moyenne est de moins de quatre ans et chaque délinquant ne purge souvent que la moitié de sa peine s'il se comporte bien derrière les barreaux.
En février de cette année, George Beresford, 21 ans, a été tué par un conducteur ivre, qui est sorti du tribunal cet été avec une interdiction de 28 mois seulement. L'incident s'étant produit au milieu de la nuit, aucun témoin n'a pu affirmer que le conducteur était dangereux, de sorte que sa sanction n'a pas reflété la dévastation qu'il a causée.
La famille Beresford a porté l'affaire devant le ministre de la justice, Sam Gyimah, à Whitehall, qui a déclaré qu'il était "urgent" d'adopter de nouvelles lignes directrices en matière de condamnation ou une loi plus sévère.
"Il faut que cela change, nous devons combler cette lacune et faire en sorte que les familles obtiennent la justice qu'elles méritent pour leurs proches.
Cette affaire bénéficie désormais du soutien de l'agent-détective Ian Payne, de l'unité d'enquête sur les collisions graves de Scotland Yard, qui s'est dit choqué par l'issue de l'affaire : "Je me suis demandé ce qui pouvait être plus grave que le fait qu'un décès soit survenu", a déclaré l'officier.
À l'issue de la réunion, le ministre s'est engagé à examiner très sérieusement leurs propositions dans le cadre d'une révision des lois sur la conduite dangereuse actuellement en cours.
Bien que l'issue de cette affaire puisse paraître choquante, elle n'est certainement pas inhabituelle. En effet, 111 personnes condamnées pour conduite dangereuse entre 2006 et 2015 sont sorties libres du tribunal. 93 d'entre elles ont été condamnées à des peines de prison avec sursis ou à des travaux d'intérêt général. Dans dix de ces cas, l'auteur de l'infraction s'en est tiré avec une simple amende, tandis que trois ont bénéficié d'une relaxe totale.
Le mois dernier, une plus grande attention a été accordée à la prévention des incidents et des décès causés par les conducteurs en état d'ébriété, la police ayant obtenu le droit d'arrêter les conducteurs et de les soumettre à des analyses d'haleine à divers points de contrôle dans tout le Royaume-Uni. Ces nouveaux pouvoirs coïncident avec le lancement de la campagne annuelle de lutte contre l'alcool au volant en hiver. L'année dernière, la police a détecté 375 personnes conduisant après avoir bu, ce qui a permis d'éviter 375 décès potentiels. De plus en plus de conducteurs sont condamnés, mais les critiques affirment que ce changement doit être plus rapide.
Dans l'état actuel de la législation, les caméras de surveillance des automobilistes circulant dans la zone où un incident risque malheureusement de se produire pourraient constituer une aide précieuse pour les familles des victimes, en tant que témoins fiables devant les tribunaux. Si de plus en plus de personnes possèdent une caméra embarquée, la police pourra plus facilement incriminer un conducteur ivre pour sa conduite imprudente, ce qui permettra de punir comme il se doit ceux qui causent des accidents mortels.
